Le bâtiment : une nouvelle filière en vue
Vous êtes-vous déjà demandé où allaient les immenses piles de déchets générées par la construction de nouveaux immeubles ? Béton, bois, plastique, parpaings et autres, les matériaux à traiter ne manquent pas et on estime que le secteur du BTP est responsable de plus de 230 millions de tonnes de déchets chaque année. Cela représente environ 70% des déchets produits en France. Sensés être triés méticuleusement selon leur composition, le recyclage des déchets du bâtiment suit des procédés extrêmement complexes en raison d’un foisonnement de matières plus ou moins recyclables et parfois dangereuses (métaux lourds, solvants…). Face à ces constats, le secteur semblait être longtemps le grand oublié des déchets et les raccourcis pris par certains pour s’exonérer de leurs obligations ont régulièrement fait surface sous la forme de décharges sauvages jonchant nos routes.
70 % de la production totale de déchets en France est alimentée par le secteur du BTP.
Dans le cadre de la Loi AGEC et pour favoriser le recyclage dans le bâtiment, l’Etat a dévoilé en 2022 une nouvelle filière de recyclage dédiée spécifiquement aux problématiques du BTP (la PMCB). Cette dernière est le fruit de la concertation de l’Etat et de quatre éco-organismes agréés en charge de la gestion de ces déchets (ECOMAISON, ECOMINERO, VALDELIA et VALOBAT) et vise une harmonisation des pratiques de tous les acteurs de la chaîne, dans une dynamique d’économie circulaire. Reste à voir si la filière tiendra le coup des dissensions internes possiblement nourries de la concurrence entre les éco-organismes.
Les biodéchets : Vers un tri à la source pour tous
Définis comme des déchets organiques produits par les activités humaines et animales, les biodéchets sont divisés en deux grandes catégories : les déchets alimentaires et les déchets verts (issus de l’entretien des parcs et jardins). Les biodéchets sont une réalité quotidienne pour un grand nombre de Français et les pratiques liées à leur fin de vie sont connues du grand public (compostage, valorisation énergétique). Ces biodéchets peuvent constituer de vrais atouts. Ils peuvent ainsi permettre de réduire les coûts des collectivités, mais aussi, grâce au compost, être un extraordinaire fertiliseur, particulièrement utile dans un contexte d’appauvrissement des sols.
Actuellement, le tri et la valorisation des biodéchets ne concernent que les gros producteurs, ce qui freine considérablement le potentiel des biodéchets mais un petit séisme pour la biodiversité approche : le principe de tri et de valorisation des biodéchets sera généralisé à tous d’ici 2024. Aussi bien les entreprises que les habitants seront concernés par cette mesure.
Pour que les citoyens ne se retrouvent pas avec leurs déchets dans les bras, de nouvelles obligations vont incomber aux collectivités qui devront obligatoirement “étudier et d’identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source” pour être valorisés et éviter la décharge”. Dans ce registre, certaines collectivités apparaissent déjà plus à la pointe que d’autres. C’est le cas de la ville de Dunkerque qui propose un vaste panel d’actions comme la mise à disposition gratuite de composteurs ou la possibilité de faire ramasser ses déchets verts gratuitement une fois par an sur rendez-vous. Les initiatives de ce genre devraient se multiplier afin de se conformer à la loi.
Le textile
Juste derrière l’industrie pétrolière, l’industrie de la mode se hisse au second rang des industries émettrices de gaz à effet de serre. Points de collecte, dons ou upcycling, différentes méthodes sont utilisées pour donner une seconde vie aux déchets textiles, mais le sujet reste hautement problématique quand il s’agit de traiter des tissus usagés ne pouvant qu’être recyclés faute d’autre possibilité. Plusieurs méthodes de recyclage existent pour limiter l’impact de nos textiles usagés :
- Le recyclage mécanique est la méthode la plus courante de recyclage textile. Elle consiste à transformer les textiles en fibres, qui sont ensuite utilisées pour produire de nouveaux tissus ou des rembourrages.
- Le recyclage chimique ou moléculaire permet de récupérer les fibres à partir des tissus mélangés ou contenant des fibres synthétiques. Cette technique consiste à dissoudre les textiles dans un solvant ou par l’utilisation d’enzymes pour récupérer les fibres qui peuvent ensuite être utilisées pour produire de nouveaux tissus.
- Le recyclage thermo-mécanique regroupe les procédés de fusion des fibres synthétiques associés à un ou des traitements mécaniques (extrusion, injection…) pour obtenir une nouvelle matière première eecyclée.
En France, c’est la jeune filière REP TLC (pour “Textiles, Chaussures et Linge de maison) et son éco-organisme Refashion qui sont en charge de la filière. Si les initiatives mentionnées précédemment sont porteuses d’espoir, la pérennité du système repose toujours sur les fondamentaux du recyclage, c’est-à-dire via la collecte de la ressource. En effet, la filière alerte sur le fait que les niveaux de collecte des déchets textiles restent trop bas : en 2020, le volume des déchets textiles collectés ne représentait que 39% du volume de vêtements arrivés dans nos rayons la même année, loin de leur objectif de 50%.
Au-delà du recyclage : donner une seconde vie à ses produits
Le recyclage est aujourd’hui organisé de manière très disparate à différents échelons. On peut regretter la lenteur des changements proposés face à l’augmentation exponentielle des déchets et ce dans quasiment la totalité des catégories concernées, mais les initiatives sont bien là.
Cependant, le recyclage, aussi efficace qu’il pourrait le devenir, est une solution de dernier recours. Lorsqu’on sait que les trois-quarts de l’impact environnemental d’un smartphone sont émis avant que celui-ci n’arrive dans nos rayons ou qu’il faut 7000 litres d’eau pour fabriquer un seul jean, il devient indispensable d’allonger au maximum la durée de vie et d’utilisation de nos produits et d’éviter de les renouveler fréquemment. Ce principe est d’ailleurs l’un des piliers de l’économie circulaire qui redonne toute leur place au réemploi, à la réutilisation et à la réparation. Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. Avec Produits Durables, découvrez comment donner une seconde vie à vos objets.